jeudi 14 septembre 2017

Tunisie : exploration de la cité engloutie de Néapolis

Tunisie : exploration de la cité engloutie de Néapolis

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Crédit photo : UNO – L’Università a Oristano

Ce n'est pas vraiment une surprise car le site de Néapolis est connu de longue date, mais l'exploration enfin réussie (après 7 ans de tentatives !) du port et d'une partie de la cité engloutie vient de donner un bon appui aux textes antiques sur la survenue d'un fort séisme suivi d'un tsunami le 21 juillet 365 après J-C, et qui aurait aussi d'ailleurs durement touché Alexandrie et la Crète. Un puissant séisme estimé à + 8 en magnitude aurait probablement provoqué l'affaissement du sol au niveau de la baie de Néapolis (près de l’actuelle Nabeul​) et un tsunami serait en plus venu engloutir les ruines du port et d'une bonne partie de la ville.

Mais les explorations, depuis 2010 donc, par  l’Institut National du Patrimoine tunisien et l’Université italienne de Sassari, ont fini par découvrir d'autres détails importants sur la cité effacée des registres romains, grâce à des conditions météo très favorables cet été 2017...


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En fait, d'après les annales antiques, il se produisit à cette époque deux énormes secousses qui ravagèrent les côtes grecques et crétoises, engloutirent Néapolis, et frappèrent la ville d’Alexandrie. Ce jour-là, la ville créée par Alexandre le Grand en Egypte perdait 5.000 habitants. Fondée au Ve siècle avant J.C, Néapolis siégeait naguère au Nord-Est de la Tunisie, près de l’actuelle Nabeul. En proie aux différentes guerres de factions, entre Rome et Carthage, mais aussi contre les Rois Numides, la cité est très vite devenue un important carrefour pour toute la région du Nord de l’Afrique.



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L'ancienne cité située de haut - Crédit photos : Consorzio Uno, L’Università a Oristano



Mais ce qui rend cette découverte d’autant plus extraordinaire, c’est que Neapolis n’apparaît quasiment pas dans la littérature romaine. Alliée des Carthaginois pendant la Troisième Guerre Punique, qui opposa Rome et Carthage de 149 à 146 avant J.C., avec la défaite totale de Carthage, la ville a tout bonnement été rayée des livres d’Histoire par les Romains pendant une longue période, après son pillage par Lucius Calpurnius Piso en 148 av. J.-C.. Toutefois, l'historien romain Ammien Marcellin​ (330-395) parle bien de ce séisme important (dont il a été probablement témoin) du 21 juillet 365 après J-C, et qui a durement touché Alexandrie et la Crète, alors que l'historien grec Thucydide (-460 à -397 av. JC) avait déjà parlé bien avant de Néapolis comme étant un comptoir Carthaginois. On suppose que la cité de Néapolis a tout de même plus ou moins surmonté tous ces événements (à l'aide de sa production de condiments et salaison) jusqu'au moins 646 après J.C. puisqu'elle est citée dans l'attestation des évêques de cette année. Elle disparaît ensuite complètement pour des raisons inconnues.

 " C’est une découverte majeure " car elle vient corroborer des récits datant de l'Antiquité, explique Mounir Fantar, directeur de la mission archéologique. " Les vestiges s'étendent sur 20 hectares dans le Cap Bon, et les expéditions ont prouvé dès 2013 l'existence de la cité antique de Néapolis, qui a été engloutie " continue Faouzi Mahfoudh, directeur de l’INP. Les prospections sous-marines ont mis au jour des rues, des monuments et surtout près d'une centaine de cuves servant à la production de "garum", un condiment à base de poisson dont les Romains étaient très friands.



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Getty Images 



" Cette découverte nous a permis d’avoir la certitude que Néapolis était un grand centre de production de garum et de salaison, probablement le plus grand centre dans le monde romain. Et que les notables de Néapolis devaient vraiment leur fortune au garum ", ajoute l’archéologue. L'onéreux garum, dont le goût s'apparente à celui du nuoc-mam vietnamien, était transporté dans des amphores " qui ont été exportées à travers presque toute la Méditerranée et ont dressé des ponts entre les différentes villes ", selon le chercheur.



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Crédit photo : UNO - L’Università a Oristano



M. Mahfoudh a précisé que les récentes fouilles réalisées par une équipe d’archéologues tunisiens et italiens se sont basées sur une localisation antérieure du site archéologique en question. Mr. Mahfoudh, qui est également universitaire spécialisé en histoire et en archéologie, a tenu à préciser que les causes ayant conduit à la submersion de cette cité, surtout les cuves servant à la production de Garum, sont encore sujet de controverses scientifiques (avec son collègue Mounir Fantar, qui est plus convaincu de l'hypothèse tsunami et qui a indiqué qu'un rapport final de ces fouilles, étalées sur sept ans par l’équipe conjointe de chercheurs sera présenté début 2018, dans le cadre de rencontres scientifiques qu’abritera l’Académie Lincei à Rome (Italie).).

" On ne peut affirmer, aujourd’hui, avec certitude que c’est un séisme ou un tsunami qui auraient entraîné une prolongation de la côte et la disparition de ce vestige sous la mer ", a dit M. Mahfoudh. Selon la même source, il serait encore trop tôt pour se prononcer à ce sujet, qui exige une étude scientifique approfondie sur la base de prélèvements géologiques et un échantillonnage effectués par des scientifiques issus de diverses disciplines.

Il a annoncé que les résultats des fouilles devraient être présentés dans le cadre de rencontres académiques prévues par l'INP, pour des mois d'octobre et novembre prochains avec la participation de l'université Sassari-Oristano d'Italie.



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Crédit photo : UNO – L’Università a Oristano



Pour sa part, Ahmed Gadhoum, expert dans les fouilles sous- marines, a indiqué que le site submergé par les eaux est un prolongement du site de Néapolis terrestre préservé - renfermant aussi des cuves de poissons datant de l'époque romaine - et qui est mis sous la tutelle de l'Agence de mise en valeur et valorisation du Patrimoine (AMVVP), un organisme qui veille à sa préservation et à son exploitation comme site archéologique ouvert au public.

M. Gadhoum a expliqué que, suite à la montée des eaux sur les côtes de la Méditerranée, durant les deux derniers millénaires, plusieurs sites archéologies ont été submergés dans différentes villes du littoral. L’expert est également d'avis qu'on ne peut affirmer avec certitude que le tsunami, cité par d’anciens historiens, serait la cause directe de la submersion de cette cité et par conséquent de la disparition de Néapolis. Apporter des preuves scientifiques tangibles basées sur une étude méthodologique et des prélèvements sur les lieux des fouilles seraient donc nécessaires pour affirmer la véracité d'une telle hypothèse, a conclu le spécialiste.

Petites dissensions donc entre les équipes italiennes et tunisiennes sur l'origine de l'engloutissement de cette partie de la cité, mais le fait est que ces ruines existent bien au large et sous plusieurs mètres d'eau marine... et que plusieurs séismes et tsunamis ont bien été enregistrés et retrouvés par les spécialistes en ce qui concerne la Méditerranée...




Youtube - Vidéo par Clément BONNEROT




Youtube - United News International



Sources : http://www.aps.dz/sante-science-technologie/62495-tunisie-des-fouilles-archeologiques-sous-marines-ont-prouve-des-2013-l-existence-de-neapolis

http://www.france24.com/fr/20170905-tunisie-archeologie-carthage-mediterranee-vestiges-romains-ville-neapolis-gazum-decouverte

http://dailygeekshow.com/neapolis-cite-antique-tsunami/

http://www.webdo.tn/2017/07/29/mer-archeologues-plongeurs-ville-engloutie-de-neapolis/



Complément Les trésors marins de la Tunisie :














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